Le Bulletin n°11 (Janvier 2012) :
Ce classique des chansons gadzarts a été écrit sur un air populaire datant de 1880, Le Métingue du Métropolitain, paroles de Maurice Mac Nab et musique de Camille Baron. On trouve sur Internet quantité de sites donnant des versions écrites ou chantées, ce qui montre que cette chanson est restée très populaire. D’où vient ce terme de « Métropolitain »?
À cette époque, le métro n’existait pas encore et le métropolitain dont il est question ici était une salle lilloise affectée à la vie associative et aux grandes réunions publiques ou syndicales. Voici le premier couplet de cette chanson :
C’était hier, samedi, jour de paye,
Et le soleil se levait sur nos fronts
J’avais déjà vidé plus d’un’ bouteille,
Si bien qu’ j’m’avais jamais trouvé si rond
V’là la bourgeois’ qui rappliqu’ devant l’ zingue:
“Feignant, qu’ell’ dit, t’as donc lâché l’ turbin?”
“Oui, que j’ réponds, car je vais au métingue,
Au grand métingu’ du métropolitain!”
Quant au Grand Bastringue chanté avec quelques variantes dans plusieurs centres (Cluny, Châlons, Lille…), peu de personnes se posaient la question de son origine.
En fait, si l’on en croit un article paru dans un canard de la Cl. 46 et repris ensuite dans le Trait d’union des délégués de promotion de novembre 2004, c’est cette promotion qui aurait créé Le Grand Bastringue tel que nous le connaissons, sur l’air du Grand Métingue du Métropolitain. Un de ses membres (Marcel Vaussanvin) raconte en effet : « Cinquante-six ans après l’avoir écrit, l’enchaînement des événements n’est plus très clair dans mon esprit. C’était à la suite d’une période assez conflictuelle avec la strass. J’ai encore l’original un peu jauni. Je me souviens parfaitement du moment et du lieu de la création. C’était au cours du stage de fonderie, dans le bureau surélevé que l’on nommait “l’aquarium”. Je me suis senti inspiré et entre le calcul de deux charges de cubilot, j’ai laissé couler mon venin en chantonnant Le Grand Métingue du Métropolitain. J’ai commencé par le couplet concernant la radio, car la confiscation du poste qui, au dortoir, nous égayait un peu, après l’heure de l’extinction des feux évidemment, et c’est ce qui nous était reproché, était ressentie comme une injuste brimade. J’ai été extrêmement surpris beaucoup plus tard de l’entendre à Cluny à l’occasion d’un monôme et de constater qu’il avait pris place dans le Carnet de Trad’s, je ne sais pas à partir de quelle année ».
Tous les gadzarts passés par Cluny connaissent cette chanson que Jean Fourré (Cl 153) nous rappelle telle qu’elle était chantée à son époque, car elle a subi depuis quelques modifications :
On a souvent parlé de la belle vie
Que les Gadzarts mènent au tabagnon,
Tous les pékins de Cluny nous envient,
Et voudraient bien que nous les invitions.
Moi je vous dis que c’est pas toujours la bringue
La Direction, serpent dans notre nid,
Veut transformer en enfer le bastringue, | bis
Le grand bastringue du tabagn’s de Cluny.| bis
C’était hier, lundi, lendemain de fête,
Tous les gadzarts ronflaient dans leur paddock,
De d’sous les draps émergeaient quelques têtes,
Seuls les ratons s’balladaient dans les dort’s.
Mais v’là-t-il pas que Prosper se radingue,
« Feignants » qu’il dit, « faut-il que je vide vos lits?
Debout, c’est l’heure de commencer le bastringue, | bis
Le grand bastringue du tabagn’s de Cluny. » | bis
Le soir au dort’s, jaloux de se distraire,
Chacun de nous, avant de s’endormir,
Ecoutait le poste qui du bout de la terre,
Nous apportait les échos, les soupirs.
Mais un beau soir, Prosper un peu brin’d’zingue,
Prend le poste et dit “La radio c’est fini”.
Maintenant, c’est l’heure de terminer le bastringue | bis
Le grand bastringue du tabagn’s de Cluny. | bis
Y avait Prosper, ce bambseur indomptable,
Et le poisson-chat, saqueur de traditions,
Ils sont venus, laïusseurs incurables,
Nous imposer en sec’s leurs conditions.
Pauvre Gadzarts, c’est toujours toi qui trinques
C’est ton zacul et c’est toi qu’on bannit,
C’est pourtant toi qui fait marcher le bastringue,| bis
Le grand bastringue du tabagn’s de Cluny. | bis
Jean Fourré nous éclaire un peu mieux sur les personnages cités dans cette chanson :
”« Dans la version d’origine et qui fut la nôtre, où l’on cite Prosper et le Poisson-chat, Prosper est indiscutablement Pierre Ladreyt (Aix 1922) qui, après avoir été prof de mécanique et y avoir alors acquis son surnom (comme nous l’avons chanté je crois au début dans le chant La mécanique, avant d’y substituer “Farouk”), cumula ce poste et celui de sous-directeur à l’automne 1944 (certains alors présents à Cluny prétendirent qu’il dut en bonne partie cette nomination, comme d’ailleurs Georges Maurice pour celle de directeur, au contexte politique régnant après la Libération), puis n’assuma plus que le second poste fin 1946 lorsque Jacques Cliton (Cl. 35) arriva à Cluny comme prof de mécanique ; Ladreyt, alias Prosper, resta sous-directeur jusqu’en 1952, année où il fut nommé directeur de l’École d’électricité industrielle de Marseille, François Gérât (Cl. 25) lui succédant alors. Ladreyt, alias Prosper, a, lorsqu’il fut sous-directeur, connu deux directeurs, Georges Maurice de 1944 à 1946, puis Lucien Gay. C’est ce dernier qui fut surnommé “Poisson-chat” (selon Raymond Lourdin, de la Cl. 49, il fut aussi appelé “Chichou”… hérité de son caniche !), encore que je ne me souvienne pas avoir entendu utiliser ces deux surnoms quand nous l’avons eu, en conscrit seulement (il est vrai que les conscrits seraient des bêtes assoupies – selon la formule “bêta sous pi” -) et que pour être plus cartésien, nous avons beaucoup moins vu et connu Lucien Gay que son successeur Jean Augeat, Cl. 19 ».”
